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    Villa Marie Vassilieff
    Chemin de Montparnasse
    21 avenue du Maine

    75015 Paris
    +33.(0)1.43.25.88.32
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  • Le Cercle des Histoires
  • Le Cercle des Histoires

    "Le Cercle des Histoires", déve­loppé durant la rési­dence de Jumana Emil Abboud, est centré autour du par­tage col­lec­tif de contes et his­toi­res. À cette occa­sion, décou­vrez trois his­toi­res racontées par l’artiste.


    Tunjur Tunjur


    Jumana Emil Abboud, Scouting for enchanted sites in Palestine, 2014

    Il était une fois une femme qui n’avait pas d’enfants, elle implora : "Seigneur, pour­quoi de toutes les femmes, suis-je ainsi ? Accorde-moi une fille, même si elle n’est qu’une mar­mite, je l’aime­rais quand même !" Dieu exauça son sou­hait et un jour, elle tomba enceinte. Un jour est venu, un jour est passé, et le jour est venu où elle accou­cha et donna nais­sance à une mar­mite. Que pou­vait faire la pauvre femme ? Elle la lava, la net­toya bien, mit son cou­ver­cle, et la posa sur l’étagère.
    Un jour, la mar­mite se mit à parler.
    "Maman," dit-elle, "des­cend-moi de cette étagère !"
    "Ma fille !" répon­dit la mère, "Où vais-je te mettre ?"
    "Qu’est-ce que ça peut te faire ?" dit la fille. "Fais-moi des­cen­dre, et je te ren­drai riche pour les géné­ra­tions à venir."
    La mère la posa sur le sol. "Maintenant, met mon cou­ver­cle," dit la mar­mite, "et laisse-moi devant la porte." La mère la posa devant la porte en met­tant son cou­ver­cle.
    La mar­mite com­mença à rouler, en chan­tant :
    "Tunjur, Tunjur, clink, clink, clink, clink !"
    Elle roula jusqu’à ce qu’elle arrive à un endroit où les vil­la­geois ont l’habi­tude de se ras­sem­bler.
    Au bout d’un moment, des per­son­nes com­men­cè­rent à arri­ver. Un homme s’arrêta et trouva la mar­mite. "Eh !" s’exclama-t-il, "qui a mis cette mar­mite au milieu du chemin ? Je vais être damné ! Quelle belle mar­mite ! Elle est pro­ba­ble­ment en argent." Il la regarda sous toutes ses cou­tu­res.
    "Eh !" appela-t-il, " À qui est cette mar­mite ? Qui l’a lais­sée là ?" Personne ne la réclama. "Si Dieu le veut," dit-il, "je vais l’empor­ter chez moi."
    Sur le chemin du retour, il passa chez le ven­deur de miel. Il la fit rem­plir de miel et la rap­porta à sa femme. "Regarde, femme", dit-il, "comme cette mar­mite est belle !" Toute la famille en fut très heu­reuse.
    Deux ou trois jours pas­sè­rent, et ils eurent des invi­tés. Ils sou­hai­tè­rent leur offrir du miel. La femme des­cen­dit la mar­mite de l’étagère. Poussa et tira sur le cou­ver­cle, mais elle ne s’ouvrit pas ! Elle appela son mari. Tira et poussa, mais il ne put l’ouvrir. Les invi­tés se mirent aussi à la tâche. Soulevant la mar­mite, la lais­sant tomber, l’homme essaya de l’ouvrir avec un mar­teau et un ciseau. Il essaya tout, mais cela ne servit à rien. Ils firent venir le for­ge­ron, qui essaya encore et encore, mais en vain. Que devait faire l’homme ? "Maudits soient vos pro­prié­tai­res !" il maudit la mar­mite. Et, la pre­nant, il la jeta par la fenê­tre.
    Quand ils eurent tourné le dos et ne pou­vaient plus la voir, elle se mit à rouler, en disant
    "Tunjur, Tunjur, ô ma maman,
    Dans ma bouche, j’ai apporté le miel.
    Tintement, tin­te­ment, ô ma maman,
    Dans ma bouche, j’ai apporté le miel".

    Récit issu et adapté de Ibrahim Muhawi, Sharif Kanaana, Speak, Bird, Speak Again : Palestinian Arab Folktales Berkeley, University of California Press, 1989.


    Il était une fois…. Des gre­na­des rondes et déli­cieu­ses


    Well at Kobar

    Il était une fois…. Des gre­na­des rondes et déli­cieu­ses. Mais main­te­nant, après 70 ou 100 ans d’errance, nous voilà de nou­veau au même autre endroit, et nous voilà de nou­veau au même autre endroit.

    Autrefois, mardi der­nier, dans un pays où le vol et la bar­ba­rie étaient auto­ri­sés. Le monde en réa­lité, ne fai­sait qu’encou­ra­ger leur pra­ti­que, et si quelqu’un pra­ti­quait l’oubli, cela était aussi très bien accueilli. Si le roi lui-même récla­mait votre femme, vos années, votre nom, vos larmes, alors Voom ! C’était à lui ! Une fois, dans cet endroit, était arrivé au vil­lage de Comfortably Numb (Confortablement Engourdi), un homme à la recher­che du bon­heur. Le nom de cet homme est aujourd’hui Ma’ruf. A peine entré dans le vil­lage, il tomba sur une jeune femme du nom d’Almaza, qui se tenait près du puits en face du super­mar­ché d’El-Ein. Almaza pleu­rait et pleu­rait, ses larmes cou­lait au fond du puits.
    Savez-vous ce qu’on dit des puits de vil­lage où les habi­tants n’ont jamais soif ?
    « Qu’est-ce qui vous fait pleu­rer ? » lui demanda-t-il. « Je pleure mes frères et cou­sins perdus. » Ma’ruf apprit bien­tôt que – d’après les récits de cer­tai­nes vieilles femmes - la goule du vil­lage avait empri­sonné les frères et les cou­sins d’Almaza. Ma’ruf, tombé amou­reux au pre­mier regard de ce joyau, jura de les sauver. Il sauta dans le puits pour trou­ver la goule qui, dans sa demeure, dan­sait avec des pier­res ou bien était en train de sucer de la viande sur des os ? C’est dif­fi­cile de se sou­ve­nir.
    « Je te dévo­re­rai ensuite », s’exclama la goule affa­mée, sau­tant pour défen­dre sa maison contre cet intrus.
    Ma’ruf était expert dans l’art de trom­per une goule...
    « D’abord, laisse-moi te donner le cadeau que je t’ai apporté »
    Et les yeux de la goule s’élargirent comme ceux d’un jeune enfant néces­si­teux
    « Très bien alors, donne-moi ton cadeau et je te dévo­re­rai après »
    « D’abord, dis-moi quels sont ces tré­sors de magie que tu as ici sur ton étagère ? »
    La goule se vanta joyeu­se­ment de ses jouets
    « Ce bol en bois – peu importe ce que tu lui demande - par exem­ple : "Bol en bois, rem­plis-toi de riz et de viande" - il se rem­plira, et tu pour­ras manger jusqu’à ne pres­que plus pou­voir bouger !" » « Ce petit moulin, un trésor divin, vois comme il est petit, il tient dans ta poche ! Si tu tour­nes la poi­gnée vers la droite, il te don­nera de l’eau pure et déli­cieuse ; et à gauche, une mer entière ! » « Ce bâton, si tu lui dis : "Ô mon bâton, conti­nue à avan­cer et à frap­per mon voisin !" le bâton conti­nuera à frap­per tes voi­sins jusqu’à ce qu’ils te ren­dent tout ce qu’ils ont volé. »
    « Et ça qui brille, qu’est-ce que c’est ? » demanda Ma’ruf
    « Ce sont les yeux des frères-devins qui voient toutes choses avec le cou­rage de voir, sans se détour­ner. Ils sont tels qu’ils sont dans cette jarre des jarres.
    Et ce sont les âmes des cou­sins, ceux-là même qui vous rap­pe­laient autre­fois toutes les choses qui sont une exten­sion de vous-même. Elles sont telles qu’elles sont dans cette jarre.
    « Cette jarre toute seule, est-ce la même ? »
    « Dans cette jarre, je garde ma propre âme » répon­dit la goule indi­gente.


    Il était une fois, … Ils étaient une fois
    Trois frères qui ne vivaient pas très loin d’ici / d’elle.


    Jumana Emil Abboud, Looking for springs, Kobar village, Palestine, 2014

    Il était une fois, … Ils étaient une fois
    Trois frères qui ne habi­taient pas très loin d’ici / d’elle et qui appré­ciaient une bonne partie de chasse. Avant que je vous parle de la chasse ; quel­ques mots sur leur mère, la grande Reine. Leur mère était une grande Reine, mais elle savait que son heure était bien­tôt arri­vée. Elle leur dit, « Écoutez ! Je suis sur le point de mourir. Promettez-moi de régner comme j’ai régné, avec équité et com­pas­sion. »

    Et effec­ti­ve­ment, un jour est venu et un jour est passé,
    et un autre jour est venu et un autre est passé, et la Reine mourût.
    Ils l’enter­rè­rent aux côtés de son qua­trième mari, qui, dans son enfance, était fer­mier, au pied de l’irré­pro­cha­ble source d’eau de Ein Qinya. Un jour est venu et un jour est passé, et un chêne mira­cu­leux poussa là où son corps repo­sait.

    Et chaque jour les frères ren­daient visite à l’arbre en res­pec­tant l’eau qu’elle lon­geait avec son tronc massif.

    Puis, un jour (hier ou demain), une gazelle appa­rût sou­dai­ne­ment devant eux et Oh, elle leur en mit plein les yeux ! Les trois frères débâ­tè­rent sur qui devait la chas­ser. Celui-là a dit, « Elle est ma proie ! » et celui-ci dit « Elle est à moi ! » Finalement, ils déci­dè­rent que si la gazelle pas­sait près de l’un d’entre eux, alors elle était à lui et pas à un autre.

    Je dois vous dire qu’elle n’était pas vrai­ment une gazelle. C’était une jeune femme du monde des esprits, capa­ble de se trans­for­mer, à son gré, en sa forme ani­male.

    Elle les observa, et, comme une bonne per­sonne se dis­tin­gue tou­jours, elle choi­sit l’un des frères, l’aîné, Alqaader, et elle passa juste en des­sous de son cheval.

    « Très bien, mes frères », annonça Alqaader. « Vous devez partir main­te­nant. Elle est à moi. »
    Il chassa la gazelle et chassa la gazelle, jusqu’à ce qu’il la perde dans l’étendue sau­vage d’une nou­velle colo­nie illé­gale, et là, il tomba sur une lionne qui met­tait bas avec dif­fi­culté. Elle sup­plia le jeune homme de l’aider et il l’aida, et en retour la lionne donna à Alqaader trois poils de la cri­nière de ses deux nou­veaux nés. « Si un jour tu es dans une posi­tion déli­cate, frotte juste cette cri­nière, et en un clin d’œil, nous serons là. »

    Au matin, gazelle appa­rut encore et ils firent comme ils avaient déjà fait. Elle lui en mit plein la vue et courut. Oubliant le monde et le monde der­rière lui, Alqaader sauta et la pour­sui­vit, jusqu’au moment où, le qua­trième jour, gazelle le conduise dans sa propre ville.

    Cette gazelle a des pré­ten­dants dans le monde entier. Voyez son châ­teau ? Chaque fois que l’un vient lui deman­der sa main, son père dit, « Celui qui peut dépla­cer cette mon­ta­gne peut avoir sa main ; et celui qui échoue sera immé­dia­te­ment empri­sonné dans une jarre »

    J’ai raconté cette même his­toire à Alqaader, et savez-vous ce qu’il a dit ? Il a dit : Je vais deman­der sa main !!

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