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    Villa Marie Vassilieff
    Chemin de Montparnasse
    21 avenue du Maine

    75015 Paris
    +33.(0)1.43.25.88.32
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  • Mélanie Matranga : •— •

    Exposition du 21.09 au 22.12.2018
    Sous le com­­mis­­sa­­riat de Camille Chenais

    Flyer de l’exposition, Mélanie Matranga : •— •

    En sep­tem­bre, la Villa Vassilieff est heu­reuse de pré­sen­ter •— • , une expo­si­tion per­son­nelle de l’artiste Mélanie Matranga (née en 1985, France). L’espace de la Villa Vassilieff sera entiè­re­ment investi par des oeu­vres de l’artiste spé­cia­le­ment conçues pour l’occa­sion.

    Avec cette expo­si­tion, au titre silen­cieux et impro­non­ça­ble, Mélanie Matranga s’empare de la Villa Vassilieff, de son charme et de son aspect domes­ti­que pour y créer un micro­cosme d’objets, de sen­sa­tions, d’émotions et de sons. Un White Cube sen­ti­men­tal et intime où le blanc est uti­lisé non plus comme une cou­leur neutre, mais comme une matière dont la spé­ci­fi­cité semble être de se salir, de se défaire et d’engor­ger traces et sou­ve­nirs des gestes et des moments qu’elle a accueillis. L’artiste crée ici un envi­ron­ne­ment vivant où pren­nent place des sculp­tu­res en papier et en tissu qui décou­lent de formes com­mu­nes, pres­que géné­ri­ques. Ce sont majo­ri­tai­re­ment, celles de vête­ments rendus banals par leur pro­duc­tion de masse et leur cir­cu­la­tion. À tra­vers eux et à tra­vers les sons qui s’échappent de cer­tai­nes de leurs poches, l’artiste inter­roge nos métho­do­lo­gies de com­mu­ni­ca­tion : les vête­ments, comme les mots ou la musi­que, sont des outils nous per­met­tant de nous pré­sen­ter, d’échanger avec d’autres, de tra­duire nos per­son­na­li­tés et nos émotions.

    Télécharger le dos­sier de presse


    •— •, par Camille Chenais


    Avec cette expo­si­tion, au titre silen­cieux et impro­non­ça­ble, Mélanie Matranga s’empare de la Villa Vassilieff, de son charme et de son aspect domes­ti­que pour créer une sorte de micro­cosme d’objets, de sen­sa­tions, d’émotions et de sons. Un White Cube sen­ti­men­tal et intime où le blanc est uti­lisé non plus comme une cou­leur neutre, mais comme une matière dont la spé­ci­fi­cité semble être de se salir, de se défaire et d’engor­ger traces et sou­ve­nirs des moments qu’elle a accueillis. Si l’envi­ron­ne­ment est blanc, il est à l’opposé des cubes blancs asep­ti­sés pré­su­més neu­tres et érigés en modèle par nos ins­ti­tu­tions et par le marché. Au contraire, l’espace se pré­sente comme le résul­tat de moments passés et le récep­ta­cle de moments à vivre. Il oscille entre un confort appa­rent et une inhos­pi­ta­lité dis­crète. Derrière une appa­rence bour­geoise, trans­pa­raît, à tra­vers les pores de l’espace, un mal-être qui semble s’être emparé des murs et des sols. Comme la peau, les sur­fa­ces devien­nent des mem­bra­nes à double faces – l’une tour­née vers le monde exté­rieur, l’autre tour­née vers le monde inté­rieur – et jouent le rôle pres­que schi­zo­phré­ni­que de sépa­rer ces deux mondes tout en les met­tant en rela­tion. Mais, ces inter­fa­ces sem­blent dys­fonc­tion­nel­les, elles ne fil­trent plus rien et lais­sent affleu­rer des sortes de stig­ma­tes inter­nes et psy­cho­lo­gi­ques. Ainsi, les inter­ven­tions de Mélanie Matranga dans l’espace en chan­gent la défi­ni­tion et la per­cep­tion. Les murs et les sols n’en for­ment plus uni­que­ment la struc­ture, mais devien­nent des éléments orga­ni­ques ampli­fiant et sin­geant des sen­ti­ments. L’artiste crée ici un envi­ron­ne­ment vivant, qui se modi­fie et évolue. Dans cette atmo­sphère sin­gu­lière pren­nent place des sculp­tu­res, qui décou­lent de formes com­mu­nes que l’artiste trans­forme, rigi­di­fie ou mol­li­fie, en ren­ver­sant leur maté­ria­lité. Les murs se déten­dent, les vête­ments se rai­dis­sent. Les formes uti­li­sées sont fami­liè­res. Ce sont, majo­ri­tai­re­ment, celles de vête­ments rendus banals par leur pro­duc­tion de masse et leur cir­cu­la­tion. À force d’être pro­duits, copiés, contre­fa­çon­nés, repris, imités, ces vête­ments sem­blent ne plus avoir de sin­gu­la­rité for­melle. Ces formes devien­nent sin­gu­liè­res à tra­vers le trai­te­ment que leur fait subir l’artiste : elle trans­forme ces vête­ments sans qua­lité en sculp­tu­res de papier blanc quel­que peu fan­to­ma­ti­ques dont la fabri­ca­tion paraît ins­tinc­tive, pres­que impré­cise. Ces formes, nor­ma­le­ment pro­dui­tes en série de manière indus­trielle, sem­blent ici reve­nir au stade de pro­to­type mais de pro­to­type hyper­tro­phié et bour­sou­flé, pres­que raté. Comme l’espace, ces sculp­tu­res sont blan­ches. Sur leurs sur­fa­ces et dans leurs plis appa­rais­sent donc des frois­se­ments et des traces du·e·s au tra­vail de la machine à coudre, à la mani­pu­la­tion des pièces, aux aléas des trans­ports ou, tout sim­ple­ment, aux mar­ques du temps et de la pous­sière
    qui s’y sont accu­mu­lées depuis leur arri­vée à la Villa Vassilieff. En dehors des fenê­tres, les seules sour­ces de lumière sont les sculp­tu­res elles-mêmes qui abri­tent des ampou­les dont les rayons trans­per­cent le papier semi-opaque. Ces lumiè­res appa­rais­sent comme des allé­go­ries des corps qui habi­tent nor­ma­le­ment ces vête­ments, de la façon dont à tra­vers ces der­niers nous ten­tons d’expri­mer notre inté­rio­rité et de la manière dont cela peut plus ou moins trans­pa­raî­tre. Nos habits sont des codes que nous uti­li­sons pour affi­cher une cer­taine per­son­na­lité, un rôle social, une mise en scène de soi, pour dis­pa­raî­tre ou appa­raî­tre. Ceux trans­for­més ici par l’artiste sont popu­lai­res et reconnais­sa­bles. S’ils for­ment des sortes de réfé­ren­ces liées à une période tem­po­relle et un espace donné – aujourd’hui, Paris –, ils ont de nom­breux lieux d’appa­ri­tion et de dif­fu­sion entre leur créa­tion et leur dis­so­lu­tion. En fin de compte, nous par­ta­geons tous ces vête­ments, qui devien­nent les struc­tu­res d’une inti­mité col­lec­tive ainsi que les signes d’un sys­tème de com­mu­ni­ca­tion non verbal mais très loquace qui avoue nos iden­ti­tés indi­vi­duel­les, col­lec­ti­ves, sexuel­les, socia­les. Les mots, comme les vête­ments, sont des outils nous per­met­tant de nous pré­sen­ter, d’échanger avec d’autres, de tra­duire nos per­son­na­li­tés et nos émotions. Mais, ces signes – mots et vête­ments – sont également conçus et contrô­lés par des ins­tan­ces qui nous dépas­sent – une culture, un état, un sys­tème économique, un réseau de pro­duc­tion ou une com­mu­nauté. Nos inti­mi­tés se diluent donc dans ces codes qui, pour être effi­cients, doi­vent être géné­ri­ques et com­pré­hen­si­bles. Dans l’espace d’expo­si­tion, les vête­ments devien­nent alors des allé­go­ries de nos mots qui ne repré­sen­tent les choses ou nos sen­ti­ments que dans ce qu’elle·il·s ont de plus banal. Lorsque nous disons « JE », « AIMER », « HAÏR », toutes les carac­té­ris­ti­ques spé­ci­fi­ques et les mille nuan­ces que nos sen­ti­ments sem­blent revê­tent dans notre cons­cience se déro­bent à nous. Mélanie Matranga joue avec les limi­tes de nos sys­tè­mes de com­mu­ni­ca­tion. Elle tente de les confon­dre ou de trou­ver, naï­ve­ment ou déses­pé­ré­ment, une issue à tra­vers leurs contrain­tes. Elle s’inté­resse aux maniè­res dont nos corps et nos per­son­na­li­tés essaient de déjouer ces limi­tes, par­fois naï­ve­ment, par­fois for­tui­te­ment et à la ten­sion qui en découle. Notre épiderme, comme les sur­fa­ces de l’espace, trans­pire, rougit, se couvre de signes de nos émotions par­fois tues. Si les vête­ments sont nus et vides, il s’échappe de cer­tains une lueur pres­que inté­rieure tra­dui­sant, peut être, une pos­si­bi­lité de lais­ser trans­pa­raî­tre son « je ». À tra­vers ces oeu­vres, l’idée n’est pas de cons­truire un nou­veau sys­tème sémio­ti­que logi­que et ration­nel, mais d’expri­mer dans un même mou­ve­ment la com­plexité et la sim­pli­cité de nos métho­do­lo­gies et de nos stra­té­gies de com­mu­ni­ca­tion. Exprimer et non affir­mer. Rien ne s’affirme dans l’espace, rien ne tient droit, rien n’est véri­ta­ble­ment rigide, rien ne tient debout ; des choses pen­dent, des choses sont posées, des choses sont sus­pen­dues. Dans la cons­truc­tion même de l’espace, l’artiste semble refu­ser les cer­ti­tu­des, les décla­ra­tions, elle chu­chote, sug­gère. Le titre de l’expo­si­tion se refuse à toute rigi­dité ou en-cap­su­lage des corps et des dis­cours. Simple sym­bole, au départ tracé par l’artiste sur un bout de papier, il signi­fie de manière très pro­saï­que deux points qui n’arri­vent pas / ne sont pas / ne sou­hai­tent pas être reliés l’un à l’autre via un trait. Ce signe est mou­vant et se décline selon les sup­ports d’écriture et leurs limi­tes. Délibérément équivoques, ce titre, l’espace de l’expo­si­tion et les sculp­tu­res qui y pren­nent place, for­ment ainsi des struc­tu­res émotionnelles qui lais­sent la pos­si­bi­lité aux visi­teur·eu­se·s d’y pro­je­ter et d’y recher­cher la trace de leur propre sen­si­bi­lité.

    Mélanie Matranga , •— •, 2018, dessin

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