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    Villa Marie Vassilieff
    Chemin de Montparnasse
    21 avenue du Maine

    75015 Paris
    +33.(0)1.43.25.88.32
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  • Bourse ADAGP & fonds Marc Vaux

    L’ADAGP et la Villa Vassilieff, liées par des voca­tions com­mu­nes – tra­vailler au plus près des artis­tes et mettre en valeur le patri­moine visuel – s’asso­cient pour créer un pro­gramme de bour­ses de recher­che visant à déve­lop­per le tra­vail d’un·e artiste sur la cir­cu­la­tion et la repro­duc­tion des images.

    En lien avec un pro­gramme de recher­che déve­loppé autour du fonds pho­to­gra­phi­que de Marc Vaux conservé au Centre Pompidou, cette bourse de recher­che a permis à des artis­tes d’entre­pren­dre la pro­duc­tion d’œuvres nou­vel­les dans un contexte favo­ra­ble à la dis­sé­mi­na­tion des savoirs. Ce pro­gramme est conçu comme une pla­te­forme de recher­che artis­ti­que dédiée à l’expé­ri­men­ta­tion de modè­les non-linéai­res de pro­duc­tion et de dis­tri­bu­tion des savoirs entre cher­cheur·­ses, artis­tes, tissu asso­cia­tif, ins­ti­tu­tions cultu­rel­les et le public.

    En 2021, ce pro­gramme est reconduit par Bétonsalon - centre d’art et de recher­che et l’ADAGP pour une qua­trième édition.

    Lauréat 2017 : franck lei­bo­vici
    Lauréate 2018 : Liv Schulman
    Lauréate 2019 : Euridice Zaituna Kala


    Recherche autour du fonds Marc Vaux / en collaboration avec le Centre Pompidou - Mnam CCI et la Bibliothèque Kandinsky 


    Plaque de verre d’une photographie de Marc Vaux d’un plâtre de Juana Muller (vers 1936-1938) ©Centre Pompidou – Mnam – Bibliothèque Kandinsky – Fonds Marc Vaux Image : Ellie Armon Azoulay, 2015

    A PROPOS DU FONDS MARC VAUX

    La Villa Vassilieff mène une réflexion avec la Bibliothèque Kandinsky (musée natio­nal d’art moderne) pour invi­ter des cher­cheurs et des artis­tes à dia­lo­guer avec le Fonds Marc Vaux, figure de Montparnasse, dont les 250 000 pho­to­gra­phies de la col­lec­tion du Centre Pompidou per­met­tent de retra­cer la vie sociale des œuvres et des artis­tes, célè­bres ou méconnus, qu’il a pho­to­gra­phiés entre les années 1930 et 1970. En 2016, le Centre Pompidou entre­prend la numé­ri­sa­tion du Fonds Marc Vaux : un tra­vail colos­sal, aux nom­breux enjeux de conser­va­tion, de condi­tion­ne­ment, mais aussi d’his­to­rio­gra­phie, de muséo­gra­phie et de clas­se­ment. Comment appré­hen­der ce fonds aujourd’hui, dans toute sa riche com­plexité ? Qu’est-ce qui, dans les images de Marc Vaux, regarde notre pré­sent ?

    Avec Didier Schulmann (conser­va­teur au musée natio­nal d’art moderne et chef de ser­vice de la Bibliothèque Kandinsky), Catherine Tiraby (docu­men­ta­liste des col­lec­tions pho­to­gra­phi­ques, Bibliothèque Kandinsky), Stéphanie Rivoire (conser­va­trice des archi­ves, Bibliothèque Kandinsky) Pat Elifritz (étudiant en master, CCS Bard) et Ellie Armon Azoulay (cher­cheuse asso­ciée, Villa Vassilieff).

    Anonyme, Marc Vaux à la porte de son premier atelier, 23 avenue du Maine, Paris, 1919 © Centre Pompidou – Mnam – Bibliothèque Kandinsky – Fonds Marc Vaux

    QUI ÉTAIT MARC VAUX ?

    Par Ellie Armon Azoulay, Virginie Bobin et Didier Schulmann

    La réponse à cette ques­tion varie à chaque visite du fonds, conservé au Centre Pompidou après la mort du pho­to­gra­phe, sur­ve­nue en 1971. C’est tout d’abord un spec­ta­cu­laire empi­le­ment, par­fai­te­ment struc­turé, de mil­liers de boites de car­tons des fabri­cants de pla­ques pho­to­gra­phi­ques sur verre. Sur leur tran­che ont été mala­droi­te­ment tra­cées à la goua­che, en let­tres capi­ta­les, avec des fautes d’ortho­gra­phe, les noms de famille de plus de 6000 artis­tes actifs à Paris entre le début des années 20 et la fin des années 60 dont Marc Vaux visita les ate­liers et pho­to­gra­phia les œuvres. Une sorte de mémo­rial, de mur des noms, de la créa­tion artis­ti­que à Paris pen­dant qua­rante ans. Le pay­sage archi­vis­ti­que que le Fonds Marc Vaux laisse alors devi­ner est d’une telle poly­pho­nie qu’on s’inter­roge sur celui qui en a été l’auteur : quel projet ency­clo­pé­di­que a-t-il pu bâtir un tel atlas ?

    Aux côtés de quel­ques noms d’artis­tes les plus connus du 20ème siècle, la plu­part des autres noms, fran­çais et d’ori­gine étrangère, sug­gère que sont conser­vées là les repro­duc­tions d’œuvres d’art dont les ori­gi­naux ne sont pas accro­chés aux cimai­ses des musées. Ces pho­to­gra­phies cons­ti­tuent les sour­ces d’une autre his­toire de l’art, élargie à une com­mu­nauté d’artis­tes beau­coup plus vaste que ne le lais­sent entre­voir les canons des ins­ti­tu­tions, du bon goût et du marché, euro-cen­trés, qui domi­nent encore les récits com­mu­né­ment par­ta­gés. Mais au-delà des por­traits d’artis­tes, des œuvres pho­to­gra­phiées, des vues d’ate­lier ou d’expo­si­tions, le fonds témoi­gne des bou­le­ver­se­ments à la fois artis­ti­ques et poli­ti­ques dont Paris a été le théâ­tre, comme le démé­na­ge­ment des œuvres du Louvre en 1939, à l’appro­che de la guerre. Résistant, chro­ni­queur de la vie ouvrière, Marc Vaux s’est aussi engagé auprès des artis­tes en créant le Foyer des Artistes (1946-70) puis, en 1951, le pre­mier Musée du Montparnasse au 10 rue de l’Arrivée.
     
    Malgré la richesse de son fonds, Marc Vaux est resté un per­son­nage secondaire de l’his­toire de l’art, dont le rôle trans­pa­rait à tra­vers des men­tions dis­crè­tes, comme dans cette lettre de Wifredo Lam qui sou­li­gne l’impor­tance des photos de Vaux pour appré­hen­der son tra­vail et pré­pa­rer ses expo­si­tions. Les archi­ves de Marc Vaux témoi­gnent pour­tant d’une atten­tion rigou­reuse au docu­ment, à la pré­ser­va­tion, à la mémoire, comme le révèle l’anno­ta­tion “Ma pre­mière pho­to­gra­phie” sur un tirage de 1913 ; ou un pay­sage de guerre marqué d’un point où, soldat, il fut blessé en 1915. Marc Vaux re-pho­to­gra­phie régu­liè­re­ment des images exis­tan­tes, par­fois prises par d’autres, à des fins de sau­ve­garde. Marc Vaux a laissé der­rière lui 250 000 pho­to­gra­phies : autant de pro­mes­ses, de remé­mo­ra­tions, de sur­pri­ses à atten­dre de leur numé­ri­sa­tion qui com­mence ces jours-ci, autant de lec­tu­res pos­si­bles où puiser les contre-points néces­sai­res aux grands récits des ins­ti­tu­tions.

    BIOGRAPHIE - MARC VAUX

    Né le 19 février 1895 à Crulai, Marc Vaux gran­dit dans sa Normandie natale où il devient menui­ser-ébéniste. Lors de la Première Guerre Mondiale, il est mobi­lisé en décem­bre 1914 et une bles­sure au bras droit en octo­bre 1915 à Auberive, l’empê­che de repren­dre son métier [1]. Suite à cet acci­dent, il rentre à l’École de réé­du­ca­tion pro­fes­sion­nelle des muti­lés de guerre ou il apprend la pho­to­gra­phie [2] . Réformé et tou­chant une pen­sion d’inva­li­dité, il arrive à Paris en 1917 et s’ins­talle au 23 avenue du Maine [3]. Muni d’un appa­reil de pho­to­gra­phie à cham­bre qu’il gar­dera toute sa vie et encou­ragé par sa femme, il débute sa car­rière de pho­to­gra­phe en réa­li­sant des por­traits de sol­dats en per­mis­sion – notam­ment des Américains débar­quant à la gare Montparnasse – et de ses voi­sins de l’avenue du Maine.
    Grâce à un mar­chand de cou­leurs chez qui il achète alors ses pla­ques et son maté­riel pho­to­gra­phi­que, il ren­contre le sculp­teur Charles Desvergnes – prix de Rome et auteur de nom­breux monu­ments aux morts – qui sou­haite faire pho­to­gra­phier ses œuvres. Les pre­miè­res images faites par Marc Vaux de ses sculp­tu­res lui plai­sent beau­coup ; il lui en com­mande de nom­breu­ses autres et le recom­mande auprès de ses amis artis­tes. Deux des pre­miè­res clien­tes de Marc Vaux sont ses voi­si­nes du 21 avenue du Maine, Marie Vassilieff et Maria Blanchard [4], qui l’intro­dui­sent auprès des artis­tes de l’avant-garde pari­sienne : Juan Gris, André Lhote, Jacques Lipchitz, Ortiz de Zarate, Jules Pascin, Chana Orloff … Outre les œuvres et les ate­liers, Marc Vaux docu­mente la vie de son quar­tier : les cafés, les bals, etc., mais pho­to­gra­phie aussi de nom­breu­ses expo­si­tions et salons comme le Salon des artis­tes fran­çais – dont il a l’exclu­si­vité pho­to­gra­phi­que –, le Salon des Indépendants, le Salon d’Automne ou encore le Salon des Tuileries.
    En 1927, il démé­nage – son ate­lier de l’avenue du Maine n’était, en effet, pas relié à l’eau cou­rante ce qui ren­dait le déve­lop­pe­ment de ses tira­ges dif­fi­cile – au 114bis de la rue Vaugirard dans une maison à colom­ba­ges, ancienne dépen­dance de Madame de Maintenon, qu’il rénove et loue en partie à de nom­breux artis­tes. En 1939, il est l’un des pho­to­gra­phes char­gés de réa­li­ser un repor­tage sur le démé­na­ge­ment du Louvre. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il s’engage dans la Résistance : il loue en son nom une cham­bre où se cachè­rent plu­sieurs résis­tants recher­chés par la Gestapo [5] et assure, entre autres, le tirage et la dif­fu­sion clan­des­tine d’une pho­to­gra­phie du Général de Gaulle [6].
    En 1946, sen­si­ble à la situa­tion pré­caire des artis­tes dans l’après-guerre, il ouvre le Foyer d’Entre’Aide aux Artistes au 89 bou­le­vard du Montparnasse. Outre une can­tine per­met­tant aux artis­tes de se nour­rir, ce foyer leur permet d’expo­ser gra­tui­te­ment. Pour récol­ter des fonds pour le faire fonc­tion­ner, Marc Vaux orga­nise, pres­que tous les étés, la Nuit de Montparnasse à la Salle Huyghens durant laquelle a lieu l’élection du plus beau modèle. Mais dès 1963, l’avenir du foyer s’assom­brit : Marc Vaux reçoit un pre­mier arrêt d’expul­sion où le pro­prié­taire du local pré­texte qu’une œuvre phi­lan­thro­pi­que dépré­cie la valeur loca­tive et com­mer­ciale de son local [7]. Le procès dure sept ans et nom­breu­ses per­son­na­li­tés publi­ques inter­vien­nent, y com­pris le Général de Gaulle qui prend le parti de la pré­fec­ture de Paris. Celle-ci pro­pose au foyer, en 1968, d’être relogé au 107 rue Vercingétorix. Finalement, le 30 mai 1970, Marc Vaux prend la déci­sion de quit­ter les locaux du bou­le­vard Montparnasse et d’ins­tal­ler pro­vi­soi­re­ment le foyer dans sa propre maison.
    Le 13 octo­bre 1951, Marc Vaux ouvre le Musée de Montparnasse, 10 rue de l’Arrivée [8] dans un ancien local de l’Académie du Montparnasse. Il y expose des toiles, des­sins offerts par des artis­tes – Matisse, Picasso, Modigliani, Kisling, etc. –, mais aussi leurs let­tres ou des docu­ments deve­nus his­to­ri­ques – comme la fac­ture de l’enter­re­ment de Modigliani ou le tes­ta­ment de Pascin – et, bien sûr, ses pho­to­gra­phies. Mais ce musée est éphémère et ferme au bout de quel­ques années, vic­time des pro­jets d’amé­na­ge­ment du quar­tier.
    Le 25 février 1971, Marc Vaux meurt d’un infarc­tus en pleine rue, ses archi­ves sont ven­dues, après sa mort, au Centre Pompidou.

    Notes

    [1] Pierre Dufour, « 45 ans de Montparnasse dans les caves de Marc Vaux », Montparnasse, octobre 1963, n°30, p.2

    [2] Catherine Tiraby, « Le fonds Marc Vaux » dans Laurent Le Bon (dir.) [Exposition, Centre Pompidou Metz]. Chefs-d’œuvre ? Metz, Editions du Centre Pompidou Metz, 2010, p.524

    [3] Jean-Paul Crespelle, Montparnasse vivant, Paris, Librairie Hachette, 1962, op.cit., p.180

    [4] Marc Vaux, propos rapportés dans Jean-Paul Crespelle, Montparnasse vivant, op.cit., p.182

    [5] Attestation de Benn – Bençion Rabinowitcz – adressée à Marc Vaux, faite le 14 juin 1962. Archives du fond Marc Vaux, Bibliothèque Kandinsky, Paris.

    [6] Attestation de Pierre Bompard adressée à Marc Vaux, faite le 5 juin 1962. Archives du fond Marc Vaux, Bibliothèque Kandinsky, Paris.

    [7] Jean-Paul Crespelle, La vie quotidienne à Montparnasse à la Grand Epoque : 1905-1940, Paris, Hachette, 1976, p.92-93

    [8] Carton d’invitation conservé dans les archives du fond Marc Vaux, Bibliothèque Kandinsky, Paris.

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